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Etre humain, être de paroles

J’ai eu la joie de donner une conférence, le 25 mars dernier dans le cadre des rencontres de la Fondation saint Matthieu, sur le thème « Etre humain, être de parole ».
Ce sujet résonne particulièrement avec les drames de la violence des jeunes qui sont abreuvés de paroles toxiques sur les réseaux sociaux.
La violence n’est-elle pas le symptôme d’une défaillance du « verbe », de la capacité d’élaborer du sens ? Il sera essentiel de reprendre conscience de ce que l’être humain vit de paroles.
Voici un bref extraits vidéo de 4 minutes. Voir l’intégralité de la conférence

Deux brefs extraits de la conférence donnée le 25 mars 2024, dans le cadre des rencontres de la Fondation Saint Matthieu.

« … Il est très beau de songer à ce fait que l’homme se protège à la fois dans ce qu’il tisse en termes de « tissus » pour protéger sa nudité, son corps, et aussi en ce qu’il tisse des textes parce qu’il habite ses récits ! Donc nous habitons un univers de paroles. A ce stade, je souhaiterais vous faire observer ce fait que l’Homme vit de paroles et que la parole fait vivre l’Homme d’un point de vue morphologique. En effet, notre structure corporelle morphologique le dit à sa manière : c’est que nous parlons par là où nous mangeons ! Nous mangeons par là où nous parlons. La parole passe par là-même par le même espace du corps que les aliments. Qu’est-ce que j’en déduis ? Et bien que c’est la même chose. Pour l’être humain, la parole et l’aliment sont une même chose. Il doit donc assimiler des paroles. La parole fait vivre ! Ainsi moins nous voyons la dimension spirituelle de l’Homme et ce qui fait vivre sa vie spirituelle qui s’appelle la parole et moins nous prenons soin de la parole et plus nous allons assimiler des paroles toxiques, et plus nous allons nous faire du mal. Si bien que si l’on veut prendre soin d’une personne, il faut être attentif à ce qu’elle va assimiler comme paroles. Nous sommes donc responsables de ce que nous envoyons ou donnons comme paroles à assimiler aux personnes et à ce qu’on écoute ». (…)

« … je crois que notre époque souffre beaucoup d’une mésestime d’elle-même. Cela nous va bien d’être seulement des créatures matérielles corporelles. Du reste, vous voyez bien que nous sommes davantage orientés vers un être qui devient un animal. Il y a deux grandes anthropologies contemporaines sont ce qu’on appelle l’animalisme où l’homme se réduit à l’animal, ou bien le transhumanisme où l’homme est une machine qu’il est appelé à augmenter. Nous manquons de considération pour ce qui fait la vie de l’esprit, la vie intérieure, pour ce qui fait notre propre vie spirituelle. Nous allons conclure avec cette très belle citation de Jean-François Lyotard qui était philosophe et qui s’était en 1998 : « l’enfant a l’âge de son propre verbe, ce par quoi il se raconte. Nous sommes tous au commencement par le verbe, le nôtre. C’est le verbe qui nous enfante au monde, lorsqu’il s’éveille dans la conscience humaine. La conscience est le lieu d’un appel, d’une capacité de verbe qui devient « verbe de vie ». L’enfant n’a un âge, un chiffre de décompte de ses années que pour le monde qui lui est extérieur. Il n’a pas d’âge au fond de lui. Il n’a que la puissance de son propre verbe, par lequel depuis le commencement il sait qu’il existe. »

Ainsi donc toute personne est un « verbe » appelé un jour à louer et à exprimer dans ce verbe, la gloire de Dieu ! Ainsi, nous répondrons à l’unisson de l’amour dont nous sommes aimés parce que nous sommes tous riches d’une capacité divine, d’énoncer « Dieu ». Cette capacité est toujours à redécouvrir : l’amour ! Merci de votre attention, merci.


Père Laurent Stalla-Bourdillon

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